Il n'avait pourtant rien à craindre de la police. Mardi soir, l'homme avait été interpellé par la police aux frontières (Paf) de Modane, dans un train venant d'Italie.
Bien que dépourvu de papiers en règle, il avait été relâché sans l'ombre d'une procédure : les Afghans, même en situation irrégulière, ne sont presque jamais renvoyés dans leur pays, pratiquement coupé du monde.
Crainte de nouveaux contrôles ? Drame de l'isolement ?
Pourtant, hier matin vers 7 heures, ce sans-papier de 48 ans a ouvert la fenêtre de sa chambre, dans l'hôtel où il venait de passer la nuit, et s'est précipité du quatrième étage. Mort sur le coup.
Le drame n'a pas eu de témoin : la chambre est située sur l'arrière du bâtiment. Le Marocain qui la partageait avec lui est sorti pour aller aux toilettes, au bout du couloir. L'Afghan a profité de sa solitude momentanée pour accomplir le geste fatal.
Crainte de nouveaux contrôles ? Drame de l'isolement ? Perte de repères devant un Occident rêvé mais incompréhensible pour lui ? On ne le saura jamais. À la police aux frontières, il n'a rien dit ou presque : il semblait ne parler qu'un dialecte dari ou pachtou. À l'hôtel, personne ne l'a entendu dire le moindre mot, et même avec son camarade de rencontre, il ne s'exprimait que par gestes, ce qui semble indiquer qu'il ne parlait pas non plus l'arabe.
Hier, les gendarmes de Modane et Saint-Jean-de-Maurienne ont vite confirmé la thèse du suicide. Le Marocain, placé en garde à vue juste après les faits, devait être libéré hier soir. Il lui reste quelques heures pour quitter la France: lui aussi n'avait pas de papiers en règle. En Savoie, 4 000 étrangers en circulation irrégulière sont interpellés chaque année, et la plupart à Modane.
Source: Le Dauphine (France)
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