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02/07/2008

CAMEROUN - Un " Français " expulsé vers le Cameroun

Jean de la Croix Bellon dit être victime d’une confusion qui l’oblige à vivre en terre camerounaise depuis neuf mois.

Le Cameroun, il l’aime bien. Les Camerounaises aussi. Comme cette jeune opératrice de " call box " qui lui offre le gîte et le couvert dans un quartier populaire de Yaoundé. Mais, Jean de la Croix Bellon, 51 ans, citoyen français comme il l’assure dès lors qu’il commence à conter son histoire, rocambolesque si l’on s’en tient à sa version des faits, voudrait bien rentrer chez lui, à Garges les Gonesses dans le Val d’Oise, en France. C’est là-bas, sous un abribus, qu’il y a dix mois, le 8 septembre 2007, des policiers l’ont interpellé. Dix jours plus loin, alors qu’un juge lui avait donné 15 jours pour prouver qu’il était bien Français, il est mis dans un avion qui atterrira six heures plus tard à Douala au Cameroun.

" J’ai traîné depuis lors et je me suis retrouvé à Yaoundé par le canal de personnes qui me connaissaient en France ", raconte Jean de la Croix qui, depuis lors, a fait l’apprentissage des relations avec les administrations locales, même celle qui représente " son " pays la France. Au sortir d’un dîner où un ami l’avait convié, la police interpellera au plein coeur de la ville de Yaoundé. Pour les policiers, il était tard, 22h, et l’homme avait l’air suspect. Ce d’autant plus qu’il n’avait point de papiers. En dehors de cette pièce dressée lors de son expulsion et qui renvoie au Cameroun un nommé Jean de la Croix Bellon, né à Sada-Cameroun.

Jean de la Croix Bellon traîne aujourd’hui avec lui un extrait d’acte de naissance envoyé de Mayotte (île française de l’archipel des Comores) par la commune de Sada. " Je suis Français et je me dis que la police a dû se tromper ", clame ce costaud gaillard, l’air fatigué et serein devant tous ces documents qui prouvent au moins qu’il a séjourné en France. Des procès-verbaux de ses passages devant les policiers camerounais. Des copies d’une police d’assurances ou d’examens médicaux qui mentionnent qu’il souffre de problèmes cardiaques et un bout de papier fort important.
" C’est l’accusé de réception d’une lettre adressée à l’ambassadeur de France le 27 décembre 2007. " Depuis lors, il attend une solution, des explications, qui ne viennent pas. A nous également, les services de l’ambassade de France n’ont pas pu répondre rapidement. Même le consulat français de Douala n’a pu le recevoir : " c’est un gendarme camerounais qui répond ", lâche-t-il en même temps qu’il énumère les numéros de téléphone des services consulaires.

Si son histoire peut sembler kafkaïenne, l’homme qui se présente comme styliste -sa saharienne blanche est d’ailleurs estampillé de ses initiales qui constituent sa marque, n’aurait-il pas pu sortir de chez lui avec une pièce d’identité comme doivent le faire des millions de gens? Ses proches ne pouvaient-ils point le tirer d’affaire en présentant ses papiers aux policiers français? " Je suis en France depuis l’âge de 6 ans, j’y suis chez moi et je sors parfois sans mes papiers. On n’a pas peur quand on est chez soi et qu’on ne se reproche rien. J’avais pris rendez-vous avec un pasteur, une dame, qui devait m’aider à sortir de là le lendemain du jour où j’ai été expulsé…"

S’il a retourné le problème dans tous les sens, c’est pour aboutir à la conclusion que la couleur de sa peau -comme la majorité des Mahorais, il est Noir, n’est peut-être pas étrangère à sa situation. Un "compatriote ", Romain Lantin, Français pure souche, qui aurait écrit le même jour que lui à l’ambassadeur de France au Cameroun, serait déjà retourné grâce aux services consulaires, à Lyon. A lui, par contre, on rétorque tantôt qu’il est plus difficile de tirer au clair sa situation puisqu’il vit dans la région parisienne, alors que son ex-compagnon de galère a bénéficié de la situation de Lyon qui est en province…

Source: Quotidien Mutations (Cameroun)

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