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02/07/2008

CAMEROUN - Un malade mental libéré après quatre ans de prison

Samedi, le tribunal militaire a acquitté Rodrigue Wabo prévenu dans une affaire de braquage à main armée.

A l’appel du greffier, Rodrigue Wabo se dirige vers la barre. Son accoutrement et la promptitude de ses mouvements font glousser quelques uns. Le procès débute par les faits qui accusent le jeune homme de 28 ans. Il lui est en effet reproché d’avoir participé à un braquage à main armée avec coups et blessures sur les victimes. D’après ce qui ressort du rapport de la brigade de gendarmerie de Logbaba, le vol se serait produit au mois de septembre 2004, aux environs de 4 heures. Les brigands se seraient introduits dans le domicile de Sem Paul, la victime, et auraient emporté bijoux, appareils électroniques et autres numéraires. Ils auraient ensuite pris la fuite à l’approche des populations, alertés par les cris des victimes. Durant leur débandade, les brigands ont tiré en direction de leurs poursuivants. Au passage, un membre de la famille Sem a reçu une balle au fémur et a perdu l’usage de son œil droit. Aussitôt alertée, les brigadiers mènent une battue. Proche du lieu du braquage, ils débusquent Rodrigue Wabo. Le rapport de la brigade signale que ce dernier ne portait aucune arme et était couvert de sang.

Lorsque la court lui demande sa version des faits, Rodrigue répète machinalement à la cour: " j’ai été agressé par la population et livré à la brigade ". L’incohérence des ses propos obligera le juge à se tourner vers l’avocat du jeune prisonnier. Maître Nlomé, qui à l’observation ne maîtrisait pas le dossier de son client, soutient qu’étant atteint de démence, Rodrigue Wabo avait élu domicile dans une vieille voiture. C’est dans ce véhicule que la police l’aurait déniché. Le seul malheur pour Rodrigue aurait été de se retrouvé sur le chemin des policiers. Mais qu’est-ce qui explique la présence du sang sur les vêtements de Rodrigue et pourquoi l’a-t-on arrêté et incarcéré sans preuve palpable, puisque le rapport de police stipule qu’aucune arme n’a été trouvée sur lui s’interroge le commissaire du gouvernement. C’est sur ce doute que l’audience a été interrompue pour permettre à la cour de se concerter.

Durant cette pause, l’un des gardiens de prison confie qu’à son incarcération à la prison de New Bell, Rodrigue était sain d’esprit et ne cessait de marteler qu’il est innocent. " Avant son emprisonnement, il était taximan. C’est dans le cadre de son travail qu’il a transporté six hommes à une heure avancée de la nuit. Il ignorait alors qu’il s’agissait en réalité d’un gang. A destination, 5 descendent, et l’un d’eux lui braque l’arme, en lui intimant l’ordre de rester au volant de sa voiture. Après l’échec de l’opération, cinq bandits se seraient échappés. La police serait tombée sur les deux restants ", raconte le gardien de prison, qui a requis l’anonymat. Ainsi commence les déboires de Rodrigue. Le gardien rapporte que la démence du jeune homme a commencé ou s’est accentuée en prison. " Sa journée se résume à demander de l’argent ou à fouiller la poubelle pour avoir de quoi manger ", ajoute t-il.
Le juge a finalement délibéré. Du fait des incohérences du dossier et du doute de sa culpabilité, Rodrigue Wabo est acquitté. Il retrouvera la liberté après la délivrance de son certificat de levée d’écrou.

Source: Quotidien Mutations (Cameroun)

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