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08/07/2008

FRANCE - Il découvre l'existence de son frère à 74 ans

Paul aurait pu ne jamais trouver Pierre. Après 300 km de recherches sur les routes du Rhône, d'illusions perdues à Tassin, Saint-Julien, Arnas… Épuisé, il décide de rentrer sur Lyon. Et puis, il croise une femme au bord de la route : « Pierre Alphonse, non, il n'habite plus là, vous le trouverez à Poule ! » Ainsi, son neveu ne s'était pas trompé. Ce frère de 76 ans, dont il venait d'apprendre l'existence, existait bel et bien. Ce n'était plus un nom griffonné sur un dossier mais une personne réelle et bien connue dans le Beaujolais. À 74 ans, l'ancien agent commercial de la SNCF, sait qu'il est à un tournant de sa vie. Enfant de l'Assistance publique, abandonné à l'âge de 7 mois, il n'a jamais pu connaître ses racines. Début juin, il découvre qu'il a six frères et sœurs et un neveu qui vient de démêler l'écheveau de l'histoire familiale. Pour Paul Alphonse, la quête commence. Il lui faut trouver Pierre, ce frère mystérieux qui vit, comme lui, dans le Rhône. L'annuaire téléphonique restant muet, il part sur ses traces. La route des retrouvailles le mènera dans une ferme d'un village du Haut-Beaujolais à Poule-les-Echarmeaux. « J'ai sonné à la porte. Ma belle-sœur a été surprise. Je lui ai dit que j'étais le frère de Pierre et que j'avais les preuves dans ma sacoche. » Pierre absent, la rencontre a lieu le lendemain, autour d'un verre de champagne, près de Chauffailles où Paul a sa maison de campagne. « On a pleuré tous les deux » confie Pierre, encore ému aux larmes de découvrir ce frère dont il se sent déjà si proche. « On se ressemble : les mêmes yeux, la même physionomie et surtout on est énergique et tonique tous les deux » dit l'un. « On a les mêmes goûts » dit l'autre. Côte à côte, les deux frères reconstituent leur sombre histoire et l'éclatement de la fratrie. Sur les sept enfants Alphonse dont quatre ont été abandonnés par leur mère alors qu'ils étaient bébés, seuls quatre vivent aujourd'hui. Pierre, Paul, Gisèle, 82 ans à Paris et Rolande, 78 ans dans la Somme. Pierre, l'horticulteur, connaissait l'existence de la deuxième : « Avec Rolande, on se téléphone mais c'est Gisèle qui a mis le feu aux poudres. » Gisèle que Pierre n'a pas osé contacter : « C'est encore tôt. Cela fait trop d'émotion. » Paul a franchi le pas. Chacun avance à son rythme, pour surtout ne pas ébranler ces fragiles retrouvailles. En attendant que l'ensemble de la famille se réunisse, Pierre et Paul se voient régulièrement. Et entre eux deux, « ça colle bien ».
Annie Demontfaucon

Source: Le Journal de Saône-et-Loire (France)

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