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08/07/2008

SENEGAL - Tabassé à mort par ses maîtres coraniques : Un talibé lutte contre la mort à l’hôpital


Acte barbare à Kaolack. Un maître coranique du nom de Baba Diop, avec l’appui de son adjoint, Bacar Fall, a battu à mort son talibé M. B. Ce dernier, âgé de 7 ans, a eu comme seul tort de ne pas rentrer avec la pitance quotidienne que lui réclamait son marabout. Le montant de celle-ci est de 200 francs Cfa. Aujourd’hui, M. B. est en train de lutter contre la mort au Centre hospitalier El Hadj Ibrahima Niasse de Kaolack. Son maître coranique, qui ne se soucie pas de sa santé, a préféré retourner à son village d’origine pour… semer des arachides. En attendant, l’adjoint de ce dernier, Bacar Fall, est entre les mains des limiers du Commissariat central de Kaolack.

La violence des coups portés contre M. B est inouïe. Elle heurte la morale, dépasse l’entendement et ne laisse pas de marbre tout esprit épris de liberté et de respect de droits de l’Homme, de droits de l’enfant, en particulier. Le petit M. B. -il est né en 2001- se bat, en effet, contre la mort, actuellement sur son lit d’hôpital à Kaolack. Cet enfant n’a pas, en effet, bénéficié de la clémence de son maître coranique Baba Diop, et de celle de l’adjoint de ce dernier, Bacar Fall, qui se sont acharné sur lui. Rien que pour n’avoir pas amené une pitance quotidienne de 200 francs Cfa. Rien qu’à cause de 200 francs, M. B est sur le point de perdre la vie.

Cet enfant déclare avoir été battu par son marabout Baba Diop et son adjoint Bacar Fall, pour avoir utilisé une partie de sa recette de la mendicité pour se payer à manger. C’est un bleu dans le milieu qui ne savait pas que cela est interdit, soulignent nos sources. Cet enfant a bouclé hier 15 jours au daraa (l’école coranique). M. B., qui est actuellement hospitalisé en chirurgie au Centre hospitalier régional El hadj Ibrahima Niasse de Kaolack, souffre de traumatismes sévères au niveau du ventre et au niveau de la cuisse gauche. Des sources proches de son dossier médical annoncent qu’il va faire des radios. C’est dans le but de voir s’il s’agit de fracture ou pas. Sa cuisse gauche étant très enflée et très endolorie.

En outre, nos interlocuteurs soutiennent que «l’échographie abdominale pourra permettre de se prononcer sur les douleurs vives que l’enfant ressent au niveau du ventre». On ajoute aussi que «ces deux points peuvent révéler des choses plus graves que les blessures».

Très affecté par l’état de son fils, le père de la victime, Moussa Bitèye, est toujours inconsolable. Le papa du talibé déclarait encore hier au micro de la Rfm : «Mon fils était venu apprendre le Coran auprès de son maître coranique. Je l’ai amené ici, parce que je pensais qu’il pourrait maîtriser le Coran auprès de ce maître coranique. Malheureusement, il a été battu, sévèrement battu. Regardez son corps ! Partout, il y a des blessures. Je ne sais pas pourquoi son maître coranique s’est acharné sur lui. Je me suis mis hier à pleurer pendant toute la journée. J’ai décidé de porter plainte» pour que justice soit rendue.

Et, la Police de Kaolack n’a pas trop attendu pour cueillir l’adjoint au maître coranique, Bacar Fall. Ce dernier, actuellement, entre les mains des limiers du Commissariat central de Kaolack, était toujours en garde-à-vue. Il pourrait être déferré au Parquet de Kaolack en vue de son placement sous mandat de dépôt. En attendant, son patron, Baba Diop, qui ne s’est guère soucié des graves blessures et des grands dommages qu’ils -lui et son adjoint- ont causés à l’enfant, mais aussi de sa santé, est retourné depuis mercredi à son village d’origine pour… semer des arachides, annonce-t-on encore.

M. B. est un enfant qui est originaire du village de Cissé Dame, dans la communauté rurale de Taïba Niassène, arrondissement de Paoskoto et département de Nioro.


Source: Le Quotidien (Sénégal)

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