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20/07/2008

SENEGAL - Le mariage étant une contrainte : Place aux ‘contrats à durée déterminée’

Les jeunes filles qui divorcent en ces temps de conjoncture difficile ne se comptent plus au Fouladou. Elles préfèrent la ‘liberté’ que les contraintes liées au mariage. La dégradation des mœurs a atteint un niveau inquiétant dans la région de Kolda. Les parents n’ayant aucun pouvoir de dissuasion sur leurs filles s’en remettent à Dieu. O.S du quartier de Sikilo de Kolda est d’avis qu’être dans les liens du mariage c’est vivre quotidiennement le calvaire puisque le mari souvent démuni ne peut pas satisfaire tous les besoins. ’Il faut divorcer pour être libre de faire sa vie’, lâche-t-elle. Une leçon qui semble bien assimilée par les mariées de Kolda où les divorces se font en cascade. Sitôt libérées de leurs contraintes conjugales, elles s’installent dans leurs maisons familiales, disposant d’une chambre bien équipée où elles reçoivent, sur la base d’un calendrier, des hommes. Et ceci au vu et au su des parents.

Dans ce genre de pratiques, un nouveau type de contrats est, d’ailleurs, né. Il s’agit des ‘contrats à durée déterminée’. En effet, la majorité des jeunes filles acceptent de se marier pour une durée de 6 mois à un an dans le seul but d’emporter lors du divorce les équipements de la chambre (double lit, matelas, coiffeuse, armoire de 4 à 5 battants et salon). Parce que, dans les traditions du Fouladou, une femme qui divorce doit emporter chez elle tout le matériel qui lui avait été acheté par le mari. Mais, les jeunes de la nouvelle génération commencent à remettre en cause ces accords pré-établis. Pour M. Baldé, un enseignant de Kolda ‘le phénomène a pris des proportions inquiétantes dans le Fouladou-Pakao-Balantacounda où les filles ne veulent plus se marier. Elles préfèrent le célibat avec une sexualité parce que c’est le moyen idéal pour leur survie. Ce que je ne cesse de condamner’. La réaction de C. D du quartier Bouna Kane est violente : ‘c’est un jaloux celui-là.

Comment ose-t-il dire que nous ne voulons pas nous marier et que nous préférons la prostitution. C’est faux, nous ne faisons pas du racolage. Comme toute sénégalaise non mariée, nous avons notre petit ami’. Ce que C.D ne dit pas, c’est qu’elles ont plusieurs copains qu’elles accueillent chez elles moyennant des sommes d’argent variant entre 1 000, 2 000 ou 10 000 francs, renseigne A. D un mécanicien établi à Kolda.

Même cas de figure à Vélingara et Sédhiou où la pauvreté est à l’origine de ces comportements qui ne sont pas en phase avec les normes établies par la société. A Vélingara, ce n’est que ces deux dernières années que les jeunes filles se sont lancées dans l’entreprenariat féminin en se formant aux métiers de la couture et de la restauration. La première génération n’a pas donné le bon exemple. C’est le cas de F. D du quartier ouest qui ne cesse d’attirer les mineures innocentes. Cette dernière, avec la prostitution clandestine à domicile, est parvenue à construire une maison et à avoir un niveau de vie très élevé. ’Puisque je n’ai aucun espoir d’avoir un mari qui puisse me prendre en charge, je me suis lancée dans cette entreprise qui me rapporte beaucoup. Seulement, je demande à mes jeunes sœurs de ne pas emprunter cette voie qui fait que tu es mal vue par les gens’, a-t-elle lancé.

Si la majorité observe, il y en a qui critiquent cette manière de faire. Pour A.T, un adulte de Sédhiou, ‘nous allons tout droit vers la désintégration de nos us et coutumes. Autrefois, en Casamance, la jeune fille n’osait même pas s’afficher avec son petit copain devant ses parents. Idem pour le jeune garçon. Je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent que c’est à cause de la pauvreté que nos filles se prostituent. C’est faux. Elles n’ont qu’à s’investir dans l’agriculture ou le maraîchage, elles verront que la terre ne ment pas’. Difficile de croire que son message sera entendu.

Source: Walf (Sénégal)

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