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28/07/2008

SENEGAL - POUR AVOIR ÉGORGÉ LA VICTIME LORS D'UNE EXPÉDITION PUNITIVE AUPRÈS DES ÉLEVEURS...

POUR AVOIR ÉGORGÉ LA VICTIME LORS D'UNE EXPÉDITION PUNITIVE AUPRÈS DES ÉLEVEURS Les frères Maguette Diack et Pape Diack et leur acolyte Atoumane Niang écopent des travaux forcés à perpétuité.


Maguette Diack dit Thiam Diack, né en 1959, son frère Pape Diack né le 31 décembre 1973 et Atoumane Niang, né en 1966, tous les trois demeurant à Gankett Balla (arrondissement de Keur Momar Sarr) dans la région de Louga, ont écopé des travaux forcés à perpétuité. La cour d'assises de Saint-louis les a reconnus coupables de meurtre sur la personne d'El hadji Sow.

Le 23 novembre 2002, El hadji Sow a été retrouvé égorgé aux abords de la plantation des Diack. Les gendarmes de Louga, informés de ce qu'une bagarre avait eue lieu entre des cultivateurs d'ethnie Wolof et des sujets Peulhs, ont ouvert une enquête. Les pandores apprendront que cette altercation mortelle avait pour origine un problème de divagation d'animaux appartenant aux éleveurs peuls dans les champs de melons des cultivateurs wolofs. L'enquête révélera également que le matin du drame, une rixe avait opposé un jeune peulh dénommé Ameth Kâ, conduisant un troupeau d'ovins, à un garçon wolof du nom d'Oumar Diack, préposé à la surveillance du champ. Ce dernier a vendu la mèche à Pape Diack, le propriétaire du champ détruit, et celui-ci a enfourché son cheval. En compagnie d'autres cultivateurs, il s'est rendu dans sa plantation vers les coups de 17 heures pour y attendre de pied ferme d’éventuels bergers peulhs ramenant leurs bêtes de l'abreuvoir. Une mission expéditive qui va vite tourner à l'irréparable. Car, lorsque Pape Diack a aperçu un peul du nom d'El hadji Sow pointer le bout du nez, accompagné de son fils Saidou Sow, âgé de 12 ans et le nommé El Waly Kâ sur la piste bordant son champ, il a interpellé El Waly Kâ en proférant des menaces. El hadji Sow riposte. Pape Diack, fou de rage, a balancé une barre de fer à El hadji Sow qui s'est affalé par terre. D'autres personnes se joindront à la correction infligée au peulh qui a osé ouvrir la bouche. Pour calmer ses nerfs, Pape Diack a pris le coupe-coupe d'El hadji Sow pour lui trancher la gorge. Les gendarmes réussissent, plus tard, à arrêter Pape Diack, Maguette Diack dit Thiam Diack et Atoumane Niang.

Pape Diack endosse le crime pour sauver son frère, l’auteur des coups mortels

Pape Diack, interrogé 5 jours après les faits, a endossé le meurtre. Il a affirmé aux enquêteurs qu’il a été le seul à se battre contre la victime qui lui avait asséné un coup de coupe-coupe à la gorge et sur l'avant-bras droit. Ce qui l'a poussé à se défendre en lui donnant un coup de barre de fer qui l'a projeté à terre. Et selon lui, craignant pour sa vie, il a tranché la gorge de son antagoniste avec son propre coupe-coupe. Quant à Maguette Diack et Atoumane Niang, ils nieront avoir participé à la mise à mort de la victime. Ils soutiennent qu’ils étaient absents des lieux du crime. Ils ont été confondus par les accompagnants de la victime qui les ont dénoncés. El Waly Kâ est revenu sur les faits dans les moindres détails. Déclarations du témoin oculaire corroborées par les constatations du certificat de genre de mort. Les coups portés dans les différentes parties du corps de la victime prouvent une bastonnade collective. L'alibi d'Atoumane consistant à dire qu'au moment des faits, il était dans un chantier avec des amis, a été rejeté par l'accusation qui se base sur les déclarations de Waly Kâ pour demander qu’il soit condamné pour assassinat au même titre que les frères Diack. Pour l'avocat général, la présence de Maguette Diack sur les lieux du crime ne souffre d'aucune contestation même s'il refuse de le reconnaître. Pour le cas de Maguette Diack, le ministère public dira qu'à l'enquête, son frère Pape avait déclaré que son frère et d'autres villageois s'étaient joints à lui pour se rendre aux champs rencontrer des antagonistes. Pour lui, la mort d'El hadji Sow a été commise avec une extrême cruauté. Il pense que les accusés ont prémédité leur acte car ils ont tendu un guet-apens à la victime pour attenter à sa vie. Pour l'avocat général, si les accusés ne voulaient pas tuer la victime, après l’avoir désarmée, ils ne l'auraient pas égorgé. Il requiert la perpétuité contre tous les trois accusés. Les conseils des accusés, Mes Ciré Bâ et Ousseynou Faye, ont demandé à la cour d'écarter les témoignages de haine. Ils ont demandé à la Cour d’acquitter Maguette Diack car Pape Diack, qui dit s'être battu seul avec la victime, l'a disculpé. Me Papa Ndiaye, lui, a battu en brèche la thèse de la préméditation avant que son confrère, Me Aboubacry Barro, ne demande la disqualification des faits en coups et blessures volontaires et réciproques ayant entraîné la mort sans intention de la donner. La cour d'assises a suivi l'avocat général en condamnant les trois accusés aux travaux forcés à perpétuité.

Source: L'Obs (Sénégal)

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