MALI - Le suicide est raté, mais le pantalon est rempli

Il était presque 1h 00 du matin et Nouhoun n’était toujours pas couché, ce qui pourtant lui arrivait rarement. Il avait longuement marché dans la cours, sans dire mot, il préparait quelque chose. Quelque 30 minutes plus tard, de grands bruits provenaient de sa petite chambre comme si deux personnes se battaient. Il y avait aussi comme des tentatives de cris sans succès, en tout cas quelque chose se passait.

Très vite, des noctambules accompagnés de leurs copines sont alertés. Ils se précipitent devant la porte de Nouhoun qui était fermée à clef. Alors ils frappent pour en savoir davantage mais à chaque « Coko ! Coko ! », ce sont des « Houé ! Houé ! » qui répondent faiblement. Au bout de quelques minutes, ils décident alors de défoncer la porte : stupéfaction. Nouhoun était dans sa chambre, usant de toutes ses forces pour enlever la corde enlacée à son cou. Epuisé après maintes tentatives de se sauver, ses pieds touchaient légèrement le sol. Chaque geste entraînait un mouvement du corps et donc des perspectives pour que la corde se serre davantage. Dans l’obscurité, ses yeux étaient grandement ouverts et dans l’inaction les noctambules s’étaient abasourdis par le spectacle auquel ils assistaient.

Devant l’attente qui se prolongeait, Nouhoun grimace à la lumière de la torche pour qu’on le débarrasse de la corde. Dans la plupart des cultures africaines, la superstition voudrait qu’une telle scène soit préalablement suivie de certaines pratiques pour éviter des conséquences. Finalement, la corde fut tranchée avec un couteau, mais auparavant, Nouhoun souffrait moins parce qu’il prenait appui sur un tabouret qui lui permettait de tendre les mains et de dénouer la corde.

Une fois libéré, les sauveurs de Nouhoun constatent une drôle d’odeur dans la chambrette. En effet, c’était l’odeur de la défécation forcée de Nouhoun qui se dégageait. Son pantalon était rempli et le « caca » en suintait. La chambrette fut envahie et très vite, les noctambules se précipitent dehors pour aller retrouver leur moitié.

Durant le reste de la nuit, Nouhoun s’occupa du nettoyage de sa chambre et à faire ses valises. Tôt le matin, alors que la nouvelle faisait le tour du quartier, Nouhoun était introuvable, sa chambre vide.

Depuis une semaine donc, la spéculation va bon train sur l’acte de Nouhoun car jusqu’à ce jour, personne ne sait pourquoi il a voulu se suicider. Mais compte tenu de son âge, quinquagénaire, célibataire et vivant de petits boulots, on pourrait penser à une déception mais sait-on jamais ?

Aux dernières nouvelles, il est retourné à Markakoungo pour y rester définitivement car l’on est mieux que chez soi dans ces circonstances.

Quelque soit le problème, le suicide n’est pas une solution, c’est pourquoi les rescapés restent pour le reste du temps très hostiles à la mort.

Source: Maliweb